(ambiance musicale de circonstance)

Quel froid.
Zuza s’était arrêtée sur le bord du sentier et se frottait énergiquement les mains pour les réchauffer. Elle ne s’attendait pas à pareille fraîcheur et se maudissait de ne pas avoir pris de gants. Ses Pokémon eux, semblait peu embêtés par la température : Miaouss et Nounourson se coursaient mutuellement et Tutafeh… était égal à lui-même, pour ainsi dire. Flottant sans bouger, un mètre au dessus du sol, le regard vide. Zuza espérait qu’il savait apprécier le moment, à sa façon. Seul Araqua manquait à l’appel et pour cause, elle avait préféré le laisser a chaud dans sa ball à la maison. Si elle venait à mourir sur cette montagne, elle espérait que quelqu’un le trouverait et prendrait bien son de lui.

Elle prit une longue respiration, mais ses bronches surprises par le gel la firent tousser. Le son de son étouffement résonna partout autour d’elle, ricochant d’arbre en arbre, de rocher en falaise. Et là, à ce moment précis, elle en eu assez. Depuis son arrivée sur l’île, rien ne se passait comme prévu. Elle était surmenée, fatiguée, et surtout perdue.

Prise d’un besoin vital de violence, elle jeta son sac à dos par terre, y tourna autour, puis lui asséna un lourd coup de pied. Le sac se retrouva de l’autre côté du sentier, entre deux arbres. Tutafeh s’en approcha, l’observa, et décida de monter la garde devant. Zuza elle, houspillait bruyamment, tournait en rond, secouait ses bras et shootait dans tout ce qui se passait à sa portée.

Gênés dans leur jeu, Bob et John s’étaient éloignés mais elle ne les avait pas perdus de vue. Et il valait mieux pas pour eux, parce que dans l’état de vrille qu’elle était, il n’aurait pas été impossible qu’elle parte sans eux.

Une heure. Une heure qu’elle n’avait croisé personne sur ce chemin soi-disant aménagé. Elle était sûre de ne pas être sortie des clous, elle avait même redoublé de prudence puisqu’elle était bien au fait de ses problèmes d’orientation. Alors pourquoi n’était-elle toujours pas au sommet ? Pourquoi avait-elle l’impression d’être déjà passée six fois devant cette pierre ronde et moussue ? Etait-ce son imagination ? Elle se retourna vers Georges, qui veillait toujours au dessus du sac. Etait-ce la malédiction ? Elle en parlait souvent le rire au bout des lèvres, mais à force, elle allait finir par y croire.

Soudainement, Bob et John revinrent en trombes, aboyant comme des chiens de garde. Zuza se tendit, que pouvait-il y avoir qui leur ai fait peur ? Sûrement un Pokémon sauvage, et cette pensée la glaça d’autant plus. Elle espérait que ses Pokémon n’avaient pas dérangé un Polagriffe en hibernation, sinon elle donnait peu cher de leurs peaux.

Mais au lieu d’un énorme ours de gel, c’était visiblement un jeune homme qui était apparu à l’angle de sentier. Zuza se liquéfia sur place. Son héros ? « Dieu merci ! » laissa-t-elle échapper à haute voix. Elle agita les bras pour attirer l’attention de l’inconnu et l’interpella, criant pour qu’il l’entende malgré la distance. « Bonjour ! Excusez moi !  » Elle commença à avancer, John et Bob sur les talons. « Pourriez-vous m’indiquer…  » le sol se déroba sous ses pieds. Elle glissa, la chute parût lui durer une éternité mais le choc avait été doux. Seul son ego avait été blessé, et c’était probablement la pire blessure qu’elle aurait pu se faire à ce moment.

Miaouss ricana - en tout cas ça y ressemblait - et Nounourson avait décidé de partir seul à la rencontre de l’inconnu. Toujours assise par terre, elle tenta de terminer sa phrase, mais sa voix ne portait plus aussi loin. « Je suis perdue.  »