Anton était venu au manège avec les jumeaux et leurs amies, profitant d’un congé dans son horaire pour passer du temps avec eux. Malheureusement, la file s’était coupée à un endroit étrange et il avait été dirigé vers un tout autre wagon avec deux inconnus et l’une des amies de ses adelphes qui, franchement, pour le coup, devait être un peu déçu de se coltiner le groupe d’adultes. Il marque un instant de pause, manifestement surpris de revenir aussi vite sur place, mais avant même de descendre, il était évident que les apparences, ici, seraient trompeuses. Il rejoint donc le groupe, ressentant le besoin de faire le grand frère avec Mélusine. Il vient lui tapoter le sommet de la tête (même s’il parait que les ados détestent ça…) et sourit avec confiance; « Eh bah, semblerait qu’on a toute une aventure devant nous » surtout, il espérait qu’elle ne serait pas déçue de la formation de leur groupe. Mais la vérité, c’est que Mélusine adorait les trucs étranges et effrayants, alors il se doutait qu’elle y trouverait son amusement.

« Anton » dit-il en réponse à la présentation d’Eleazer, l’autre blond du groupe qui semblait connaitre l’autre homme avec eux. Ça faisait deux groupes de deux personnes qui se connaissaient, au fond. « Tu as raison, je ne m’attendais pas à ce que ce soit interactif! » ajoute-t-il, large sourire convivial aux lèvres. Au fond, Anton était bon joueur, et comme ranger il en avait vu d’autres, ce n’était pas la disparition subite de tout le monde qui allait le faire flipper. Quand même, il fait sortir l’unique pokémon qu’il a avec lui de sa pokéball; c’était Hibiscus, sa petite Fluvetin à l’arôme douce et apaisante. Au moins, avec elle, ils ne risquaient pas de trop s’énerver.

Elle vient frotter son bec blanc contre la joue de son dresseur avant de se mettre à flotter doucement autour du groupe, ses grands yeux rouges observant vos alentours, aussi vide et peu éclairé qu’il fût. Toutefois, il semble passablement surpris de l’attitude de Kuja, qui semble assumer le pire. « Oh, l’ami » dit-il en levant la main pour la déposer sur son épaule dans une tape encourageante, « c’est un manège, pas la guerre. Tu vois le chapiteau tout allumé là-bas? Suffit sûrement de s’y rendre. Fouiller partout, ça risque surtout de briser les surprises qui ont été préparées pour nous, tu ne crois pas? »

Et puis il se tourne vers Mélusine; « Je ne vois pas les autres » dit-il en parlant surtout des jumeaux, mais aussi en général des autres participants du manège. « Si ça se trouve, y’a plusieurs endroits où on se fait déposer »

Anton hoche de la tête en direction d’Eleazer – en effet, s’il était venu dans ce genre d’attraction, c’était bien pour jouer le jeu, sinon pas pour lui-même, alors au moins pour Mélusine. Elle avait tiré sa manche et c’était si adorable – ça lui faisait plus penser à Lilou qu’à Althéa, et il était évident que l’adolescente ne tenait plus sur place, et loin de lui l’idée de la décevoir. « Tiens, mets ta main là » dit,-il, prenant délicatement sa main pour venir la glisser sous son bras et sur son biceps. « Comme ça, je ne te perdrai pas » après tout, dans ce genre d’attraction, ça pouvait arriver de se séparer, et il dit, en lui offrant un clin d’œil : « j’ai déjà moins peur »

Est-ce qu’il en mettait trop, là? Peut-être. Mais il aurait fait la même chose pour Althéa (et elle se serait sûrement moquée – c’est son droit de petite sœur). Il sursaute, les poils dressés sur sa nuque alors qu’un vilain frisson se propage le long de sa colonne vertébrale, lors le Motisma fait des siennes avec une vieille télévision cathodique. « Wow, ça fait des années que je n’ai pas vu ça » marmonne-t-il, encore sous le choc d’un tour aussi bien adapté.

Évidemment, ça fait flipper celui d’entre eux qui avait déjà des réticences, et Anton, peut désireux de rester planter là sur place, dit : « Écoute, tu es un adulte, tu restes là si tu veux. Mais si moi je sais un truc des films d’horreur, c’est que ceux qui s’éloignent du groupe y passent en premier » bon, est-ce que c’était méchant de le pointer comme ça? Anton n’était pas du genre ça s’énerver (et il ne l’était pas), mais il ne comprenait pas trop la réaction de Kuja. Bien sûr que ça fait flipper, c’est un train fantôme. Est-ce que ça défiait les normes du raisonnable? Oui. Mais c’était le genre de chose que les pokémons peuvent aider à accomplir, après tout, alors pourquoi pas? Ça ne semblait pas si tiré par les cheveux pour le ranger.

« Allez » dit-il, commençant la marche vers le chapiteau avec Mélusine, « Si on se dépêche, on pourra peut-être revoir ce qui advient de la fillette aux cheveux noirs… »

L’enthousiasme de Mélusine est communicatif, et Anton n’est est certainement pas immunisé, sourire bienheureux sur les lèvres alors qu’il songe au reste de l’attraction – faut dire que les choses ne font que commencer, au fond, et donc son imagination peut tout à fait s’élancer dans tous les sens! Un hoquet de surprise quitte ses lèvres alors qu’il constate du coin de l’œil que Kuja a été happé par… quelque chose? Est-ce que c'est vraiment surprenant vu le genre d’endroit où vous êtes? Pauvre homme, tout de même, au final c’est comme s’il avait invité le mauvais œil sur lui, pas vrai?

« Oui, dépêchons-nous » approuve Anton en se dirigeant vers le chapiteau, puisque de toute manière c’est vers lui que Mélusine le tire. « Si ça se trouve, c’est là qu’on retrouvera ton pote » dit-il à Eleazer, avec autant de tact qu’il pouvait en trouver. Après tout, c’était un peu troublant qu’un d’entre vous se fasse kidnapper ainsi, et l’idée qu’on vienne vous chercher un à un ne l’inspirait guère! « À toi l’honneur, Mélusine! » dit-il alors que vous arrivez au chapiteau – vu sa bonne humeur et son esprit d’aventure, il semblait qu’elle était la plus digne du groupe pour passer le seuil du chapiteau en premier – Anton accroché à elle en deuxième, bien sûr!

Confiant, il suit l’adolescente, un sourire en coin attendri en la voyant agir comme une gamine, gambadant presque à l’intérieur du chapiteau. Oh! Mais leur avancée fût bientôt arrêtée par un drôle de bonhomme, vêtu en impresario, il lui semblait, la peau de ténèbres de là où il était, et ce malgré les lumières braquées sur lui; sa voix fit frissonner Anton de la tête jusqu’aux pieds, mais ce n’était pas là un vilain frisson de terreur. Non, tout simplement, c’était que l’homme avait une très belle voix, et voilà Anton comme hypnotisé. Pauvre homme qu’il était, Anton ne savait résister aux allures de toutes les belles choses qui l’entouraient dans cette vie, que ce soit une belle voix ou une belle personne, au final. Il n’était jamais clair avec lui s’il était réellement attiré par tous ces traits qu’il voyait chez les autres, ou si c’était simplement ainsi que son envie d’être comme eux se manifestait, mais en tout cas le voilà docile comme un agneau alors qu’il s’assoit entre ce qu’il estime être Mélusine et Eleazer.

Il observe le curieux spectacle, heureux d’applaudir là où il le fallait, de rire là où il le fallait et, à vrai dire, il ne s’était pas du tout posé la même question qu’Eleazer, à savoir s’ils étaient au mauvais endroit, carrément. « Ah » prend-il la voix une fois le spectacle terminé, « j’aurais pensé la même chose que toi, mais n’y a-t-il pas quelque chose de… fantomatique? Chez ceux qui nous amusent ce soir? » Anton se frotte les yeux – peut-être a-t-il tout imaginé, au fond. Fallait dire que ce n’était pas très bien éclairé, ici. « Et puis, si on est sorti de l’attraction, où est votre ami, Kuja? » c’est vrai ça, où est-ce qu’il était? Il avait pensé que vous le retrouveriez une fois dans le chapiteau, mais ça ne semblait pas être le cas.

« Oh, tu sais quoi? Au fond, il y a une bonne manière d’en être certain » et le voilà qui se lève d’un bond, comme s’il avait le feu au cul. Après tout, Anton était un homme d’action, pas du tout le genre qui se tournait les pouces pour rien, même s’il relevait plus du Moumouton que du Némélios. Mais pour où aller? Après tout, le noir complet s’était installé dans le petit cirque, accompagné des applaudissements et des rires de ce qu’il ne pouvait qu’estimer être les spectateurs. « Je vais aller à l’arrière et voir si je peux demander à Nox de quoi il en retourne » et oui, après tout, si quelqu’un peut les aider à savoir s’ils sont encore dans l’attraction du train fantôme, ce sera bien lui, pas vrai?

Mais bon, gauche ou droite, ça ne fait pas de différence, parce qu’Anton ne voit pas devant lui et manque s’éclater au sol – réflexe du tonnerre obligeant, il s’est plutôt catapulté sur le côté, vers les gradins où vous étiez assis et, dans une catastrophe silencieuse, sa chute se trouve stoppée par… le corps de quelqu’un. Attrapant au hasard la personne par l’épaule, Anton se hisse… pour se retrouver, je vous le jure, assis sur les genoux d’Eleazer. « Ah, euh » fait-il, le rouge de ses pommettes heureusement caché par la noirceur presque totale qui vous entoure; « Faites attention de rester assis pour le moment, on ne voit vraiment rien et c’est plein de monde » enfin, il imagine que c’est plein de monde, parce qu’il les entend et qu’il est convaincu de s’être enfargé dans les chevilles de quelqu’un, hein. « Pardon mon beau » souffle-t-il en riant à l’oreille d’Eleazer, et le voilà qui tâte de sa main pour la poser contre le bois du gradin et se glisser à sa position initiale, entre Eleazer et Mélusine. Mais quand vient le temps de le faire, sa main rencontre la cuisse de quelqu’un et pas du bois! Semblerait que l’espace se soit rempli… est-ce que Mélusine s’est rapprochée, peut-être? Est-ce que quelqu’un vient de s’y installer, même dans ce noir profond?

Confus, Anton grouille sur les cuisses d’Eleazer, cette fois-ci, résigné à son sort, pour être un peu plus confortable. « Pardon » lui souffle-t-il à nouveau, cette fois-ci avec une touche plus honnête; « il y a quelqu’un à côté, je ne peux pas me déplacer »

Non, vous n’avez pas besoin d’indiquer l’absurde de la situation, au final Anton est très au courant de ses mésaventures. Chaque fois qu’il se dit que ce n'est pas possible de vivre quelque chose de plus embarrassant ou étrange, voilà que la vie lui jette… ça… bon. Autant pour lui, Anton fait comme s’il était très confiant en sa personne et reste là. Parce qu’au final, le pire qui pouvait arriver (dans son esprit), c’est que l’autre blond ronchonne un peu. Ce qui est, quand même, vraiment mieux que de se lancer à nouveau dans les gradins sans voir où il pose les pieds. « J’suis sûr que le spectacle ne sera pas… si… long… pas vrai? »