« Il n’y a pas de mal » dit-il à ton approche, large sourire sur les lèvres, un peu de rose sur les joues qui lui donnent un air bienheureux; « Ça m’a permis de finir les préparatifs de mon sac à dos, comme Bardane ne pourra pas venir dans les grottes » et habituellement, c’était l’équidé qui transportait le gros du poids de son matériel. Pour la peine, il avait également laissé derrière son arc, quoique son épée battait contre sa jambe, ne sait-on jamais ce que l’on pouvait trouver à l’intérieur.

Anton aime les petites choses, on le voyait facilement dans son choix de pokémon. Il avait son Spododo lumineux sur son épaule, son Météno flottait doucement entre vous deux, Son Anchwatt trainait entre ses jambes. Peut-être que c’était pour ça qu’il te trouvait aussi beau, mignon. Une petite chose comme toi lui donne envie de te protéger, et pourtant, entre vous deux, tu étais tout aussi capable de le protéger! Mais voilà, il avait des envies attendrissantes en te voyant, aussi contradictoires fussent-elles, et c’est pour cette raison qu’il s’était promis qu’aujourd’hui serait le jour où il te proposerait un rencart. Suffit de trouver un bon moment pour proposer.

Le problème, c’est que si tu disais non… ça ne mettait pas juste votre relation en danger, mais votre travail. Après, Anton s’était entrainé mentalement à accepter que tu le rejettes, à comment réagir pour ne pas blesser votre relation, justement. Parce que ce n’est pas parce que tu ne penses pas à lui ainsi qu’il faut jeter toute votre amitié aux poubelles, loin de là, il n’en restait pas moins qu’il t’appréciait en tant qu’être humain et au fond, ça ne changerait pas. Ce n’était pas comme s’il avait débuté votre amitié dans le seul et unique but de sortir avec toi, après tout.

Pour la peine, Anton avait des habits similaires aux tiens; grosses bottes qui n’avaient pas l’air si démesurées sur lui, des pantalons cargo en tissu épais, il portait même un haut résistant dont les deux derniers boutons avaient cependant été laissés détachés, révélant comme une fleur les piercings à sa gorge. Les piercings, ce n’était pas le meilleur dans ce genre d’expédition, mais ce n’était pas comme s’il pouvait les retirer, et à ce point-ci ils faisaient entièrement partie de sa vie et de sa vision de lui-même. « Presque prêt » dit-il et, timidement, mais avec un sourire taquin, le voilà qui glisse ses bras dans ton dos pour te tirer vers lui, si délicatement qu’on se demanderait même s’il te touche ou s’il te frôle; une étreinte toute simple qu’il relâche bien vite, et puis, détournant le regard et le visage vers la grotte pour cacher son embarras suite à ce mouvement spontané, il dit : « Voilà, on y va maintenant! »

Le petit cœur d’Anton se serre – pas pour lui, mais pour son collègue et ami. N’est-il pas rare de l’entendre dire qu’il veut quelque chose, qu’il souhaite quelque chose de tout son cœur? Quelque chose qui lui rappelle son père qui vit dans une autre région, qui plus est? Ne vous méprenez pas, Anton sait que les pokémons sont des êtres vivants avec leurs propres buts et leurs propres désirs. Ce Zigzaton ne souhaitait pas être capturé, et loin de lui l’idée de lui en vouloir. Mais il savait également qu’Angel avait ce je ne sais quoi qui invitait souvent les pokémons à se joindre à lui, et il était dommage que cette fois-ci, ce je ne sais quoi n’est pas pu l’aider. Il n’est pas certain de ce qu'il peut faire pour aider son compagnon, pour le rassurer.

Il lui semble qu’une platitude ne servirait à rien pour soigner son cœur chaviré.

« Angel » souffle-t-il doucement, tendant la main pour attraper la sienne, avant de dire avec plus de conviction : « Les Zigzaton ne sont pas adaptés pour vivre dans les grottes. C’est notre travail de nous assurer qu’il va bien. » où allait-il avec ça? Évidemment que tu savais tout ça! « Enfin ce que je veux dire, c’est : suivons-le dans les grottes! Avec un peu de chance… » il ne finit pas sa phrase; Anton voulait simplement t’insulter un peu d’espoir, qu’importe s'il était hasardeux de sa part de penser que vous pouviez retrouver un pokémon qui a fui. Qu’importe, le voilà qui fait sortir Lupin de sa pokéball en guise de protection et qui vous force ensuite à vous enfoncer plus profondément dans le réseau de grottes!

« Non, je sais, comme on dit, on ne peut pas forcer un cœur à aimer, ni non plus à vouloir » dit-il dans un hochement de tête résolu, « mais je sais aussi que s’il te connaissait comme je te connais, il n’hésiterait pas à se faire capturer ou, au minimum, à rester dans les environs. » n’était-ce pas doux, délicat, la manière dont il avait de te percevoir et de parler de toi? Bien sûr que c’était un peu gênant et intimidant de faire ce genre de compliment, tout aussi détourné qu’il fût.

Et puis il rit doucement, se sentant un brin taquin – certes tu étais déçu, donc ce n’était peut-être pas la plus appropriée des réponses, mais il espérait qu’un peu de légèreté te fasse du bien; « eh bien, je suppose que c’est une manière détournée de dire que tu pourrais tout à fait me capturer, si tu voulais… » et puis, toujours cette lueur gamine dans les yeux, il ajoute : « Enfin, peut-être serais-je une bien piètre consolation face à un pokémon chromatique » un rire doux, presque silencieux, s’échappe de ses poumons. Est-ce qu’il allait à la pêche aux compliments? Certes, ça semblait une issue inévitable vu ce qu’il venait de dire.

Puis il se racle la gorge, faisant du même coup bouger les piercings dermals sur son cou; « C’est rare de te voir comme ça. Enfin, que tu veuilles autant capturer un pokémon, sans que ce soit parce qu’il est blessé ou dangereux » où est-ce qu’il voulait en venir avec tout ça? « Est-ce qu’il y a une raison particulière qui te pousse à vouloir le capturer, Angel? » et quand il prononce ton nom, c’est avec délicatesse et amour, comme si le mot était souligné, comme s’il te faisait un câlin en le disant. Anton était comme ça, aussi – plein d’amour pour les gens autour de lui, et ça transparaissait dans les petites choses.

Vous n’aviez pas arrêté d’avancer – et maintenant vous pouvez entendre une peu de bruit. Est-ce que vous aviez retrouvé le Zigzaton chromatique, ou est-ce que vous avez un autre genre de compagnie? En tout cas, Lupin, son Malvalame, est à l’avant pour vous défendre en cas d’intrusion… et surtout, il se tenait à l’avant pour qu’on ne le voie pas rouler des yeux au plafond. Après tout, Lupin est d’un naturel bien sérieux, alors toutes ces marques de douceur, de tendresse et d’amour naissant, c’était très peu pour lui.

Il hausse un sourcil amusé, curieux – comme ça, tu le capturerais s’il était un pokémon? Sans même de trace d’hésitation, et pourtant cela soulevait manifestement de grandes émotions en toi. En toute chose, il faut savoir quand s’arrêter – après tout si tu arrêtes de t’amuser, alors personne ne devrait rire. Il se contente de te sourire tel un chat satisfait, s’étirant de tout son long pour résister à l’envie de prendre ton visage en coupe dans ses mains. N’as-tu pas déjà été plus séduisant que maintenant, rouge tomate et en perte de tes moyens face à ses taquineries? Anton gardera l’image de ta personne, à ce moment, dans sa mémoire, et pour longtemps!

« Oh, je vois. Ça doit être difficile de vivre loin de vos parents comme ça » glisse-t-il, toujours aussi surpris de ta force. Certes, tu étais un adulte, mais Anton vivait toujours avec les siens, de parents. Sa vie était incroyablement facile au fond, et l’idée d’être lancé dans la vie adulte sans leur support lui parait presque terrifiante dans son absolu. Et puis, c’est vrai, ils doivent te manquer. Heureusement, tu as ta petite sœur avec toi – mais il se dit qu’en fait, ça doit être pas mal de boulot, s’occuper d’une enfant. Lilou était jeune, c’est vrai, mais il ne s’en « occupait » que vaguement, ici et là pour aider quand il ne travaillait pas, ce n’était pas du tout la même chose que de l’avoir avec soit tous les jours!

« Tu dis qu’ils vont venir ici? Oh, j’espère que tu me les présenteras. Ils sont comment? » ah, oui, subtilement glisser le fait qu’il veut les « rencontrer » entre deux autres questions plus bénignes, c’est nickel, ça. Tu allais vraiment y voir que du feu, c’est sûr… Mais ne va pas croire, il était vraiment intéressé d’en apprendre plus sur eux. Après tout, ils sont des personnes importantes dans ta vie… et Anton aussi aimerait être important dans sa vie. Bon, peut-être que ça peut sonner collant vite fait, mais ce n’est pas comme si vous aviez tant de choses à faire, juste là, en attendant de croiser des pokémons en danger…

Enfin. Presque, vu comme là, tu entres en course-collision avec un Chovsourir qui ne t’avait pas vu dans sa valse effrénée avec un Nosferapti, te causant une douleur vive à la tête. Instinctivement, Anton se lance dans ta direction, son Malvalame prêt à vous défendre s’il le fallait alors que lui ne portait plus attention au reste, te tenant d’abord par les épaules pour éviter que tu ne tombes et pour te stabiliser, et observant ensuite ton visage. « Tu n’as pas l’air de saigner » dit-il avec soulagement, ayant pu observer ton doux visage à la lumière tamisée produite par ses pokémons. « Mais juste au cas, on ne va pas lésiner sur le becqué bobo »

C’était parti en blague. Parce qu’il en faisait toujours à Lilou, parce que plus jeune, il l’avait fait pour les jumeaux aussi. Un simple petit baiser sur ton front pour allévier le choc de la collision - sauf qu’allez savoir, ça lui a donné l’impression que ses lèvres s’éternisaient sur ta peau, que le contact était brûlant, doux, paisible, palpitant et- et quand il se recule, c’est simplement à demi, ses yeux d’un vert pâlot se glissant naturellement dans l’embrasse des tiens, et puis voilà – tu avais mal, mais il n’entendait plus à raison et, sans conteste sans empathie, le voilà qui se penche à nouveau, main effleurant ton menton, pour poser un délicat baiser sur tes lèvres…

Ah. Merde.

Quel mauvais timing, quand même !

Rouge pivoine, le voilà qui se recule un peu plus, un embarras passager, mais bien violent, sur son visage. Ses lèvres bougent un moment sans rien dire; il aimerait être l’homme en confiance qu’il tente tant de prétendre être devant les autres, mais voilà, devant sa propre impulsivité, il est laissé sans mot. « Est-ce… le bon moment pour te dire que… » son regard dévie du tien, honteux. Allait-il vraiment faire une déclaration amoureuse là, ici, dans un tunnel sombre, pendant que vous travaillez?. Il se redresse un peu, donne de la forme à ses épaules, et il dit : « Pardon, ce n’était pas du tout professionnel de ma part. Est-ce que… tu voudrais en parler après notre quart? » oh, bien sûr, il mourrait d’envie d’en parler maintenant, et peut-être que c’était injuste de mettre le poids du moment de la discussion sur tes épaules. Mais ainsi, peut-être que ça te permettra de te faire une idée sur ce qui venait de se passer. C’était mieux que de te forcer à avoir la discussion là, maintenant… alors que les pokémons chauve-souris vous tournaient toujours autour!

« Oh, qu- » s’étrangle-t-il, se sentant poussé par une force subite, inattendue et, pour tout vous dire, qui dépassait ses attentes (quelles qu’elles soient). Le contact de la paroi de la grotte contre son dos lui fait pousser une grimace désagréable et surprise, mais c’est l’emprise d’Angel sur sa personne qui accapare toutefois son attention. Il ne s’attendait certainement pas à être géré de la sorte, par quelqu’un de plus petit que lui, moins musclé aussi et, très clairement, qu’il estime comme douce et patiente. Loin d’être choqué par le comportement d’Angel -qui ne fait que montrer que la situation lui cause des émotions fortes-, voilà que notre blond pique un fard, cette fois-ci pas d’embarras tout simple, mais parce qu’une petite partie de son cerveau s’active pour lui dire wow, tu as vu comment c’est sexy se faire plaquer comme ça et franchement, ce n’est pas trop le moment, il a déjà les idées qui s’embrouillent, c’est abusé là quand même!

« O-oui, parlons-en » glisse-t-il, la respiration rapide et hagarde. Il aura besoin pour respirer correctement que tu le délivres de ton emprise, mais ça, il n’est pas particulièrement pressé à ce que ça arrive…

« Et bien, Angel, comment te dire, ça ne me laisse pas indifférent de me faire manipuler de la sorte… peut-être que pour une conversation plus constructive et moins émotionnelle, il serait mieux de… » voilà – il essaie d’intellectualiser la chose, mais ça donne plus l’impression d’un Ekans qui tente de se faufiler lui du vif du sujet. Mais il voit bien que tu es tout rouge et embarrassé, et qu’il est lui aussi tout rouge et embarrassé, et c’est plus fort que lui, franchement, de vouloir faire des blagues plutôt que d’être sérieux. C’est un peu un mécanisme de défense – puis quand on lui donne un ordre, allez savoir, même si c’est important, il a toujours le réflexe de faire l’inverse.

« Oh puis non » grommelle-t-il; ses mains, vilaines, viennent d’abord se poser sur tes flancs et puis tentent manifestement de se glisser sous ton haut, quoiqu’il soit vraiment très peu clair en le voyant aller de savoir où il s’en allait avec ça. Au lieu de te pousser il te tire bien vers lui, ses mains glissant plutôt vers l’arrière de ton dos, au « creux des reins », et le filou qu’il est en profite plutôt pou reposer un baiser sur tes lèvres plutôt que de s’expliquer. Ça dit tout sans rien dire, au fond. Tu veux qu’il s’explique, et bien non, le voilà, tête de mule, qui récidive alors même qu’il n’était pas à l’aise d’avoir volé ledit baiser sans permission la première fois.

Est-ce qu’il allait se faire tabasser? C’était possible, après tout, à aucun moment Angel n’a précisé qu’il était à l’aise avec le fait de se faire bécoter! Puis vu comment il le tenait en place, Angel ne manquait certainement pas de la force qu’il fallait pour lui donner un bon œil au beurre noir, même avec la différence de hauteur. Quand même, c’est honteux, pour la première fois de sa vie, Anton n’a pas du tout l’esprit sur son travail, allez savoir pourquoi. Que diraient leurs supérieurs? Ces gens qui les mettent toujours en équipe ensemble dans l’espoir qu’ils se mettent ensemble?

… oui bon dit comme ça, c’est un peu de leur faute aussi.