• Pourquoi es-tu sur l'île Safari ?

“ Mutation. On s’est battues becs et ongles avec mes collègues. Personne ne voulait laisser passer cette opportunité… ” Elle réfléchit. “ ...A part Jeanette. Mais je comprends pas Jeannette. Bref. Après quatre ans à s’arracher les cheveux pour proposer toujours mieux, toujours plus loin pour nos clients, évidemment que j’aurais vendu ma mère pour devenir gérante de la nouvelle agence, sur l’île Safari. Tout le monde l’aurait fait, non ? ” Elle insiste. “ Tout le monde. Logement de fonction, être son propre chef, cadre de vie de rêve ? Tout le monde je vous dis. C’était la guerre pendant trois semaines à l’agence. Mais, vous vous en doutez… ” Son égo est gonflé à bloc, il déborde tellement qu’il s’entend dans toutes inflexions, brille dans son regard, transpire de ses pores. “ ...c’est moi qui ai été choisie. Non pas qu’il y ai eu un doute à un moment. ”

• Quelles sont tes passions dans la vie ?

« J’adore voyager, je pense que c’est n’est pas vraiment une surprise. Randonner en paysages inconnus, approcher les cultures alien à la mienne, s’imprégner et apprendre. » Elle a le regard qui pétille. « Récemment je me suis mise au croquis, et ça m’apporte énormément, je peux appréhender le monde qui m’entoure d’une façon encore différente, c’est intéressant. Mais si l’on parle réellement de passions - c’est ça, la découverte. Même pas de besoin de m’envoyer à l’autre du bout du monde en plus, je passe déjà de bons moments à explorer la ville… » Ses sourcils se froncent à peine, elle esquisse un petit sourire. « …et à me perdre. Arpenter les rues sans vérifier ses cartes, ça, c’est l’aventure, la vraie ! » Et puis, elle ne l’avouera pas, mais son sens de l’orientation est vraiment, vraiment tout pourri.


• Quels sont tes vilains défauts ?

« Des défauts ? » Elle mime la réflexion, comme lors de son dernier entretien d’embauche. « Je… heu… » Elle cherche à s’en trouver au moins un. Un petit. Pour prouver son humilité. « Je suis… » Egoïste ? Bien trop fière ? Impatiente, difficile à satisfaire, une terrible amie à avoir ? « Un peu trop rentre-dedans. J’aime dire les choses comme je les pense. »  C’est presque vrai, c’est vrai qu’elle n’a pas sa langue dans sa poche. Elle ne prend pas de pincettes et se moque éperdument de la portée de certains de ses mots. Le genre à vous dire que c’est votre faute, si vous vous êtes vexée qu’elle ai critiqué votre coiffure (après tout, vous n’aviez qu’à pas avoir une coupe moche, hein). C’est sûr qu’elle ne cherche pas la méchanceté gratuite, elle manque juste de filtres et ne veut pas s’en encombrer.

Elle pense à elle, toujours en premier. Son confort, ses pensées, ses envies. Les autres passent après. Elle se justifie en disant que c’est son enfance qu’il l’a rendue comme ça, qu’elle passait toujours après aux yeux de ses parents alors maintenant, elle s’occupe d’elle même et les autres, après. Elle considère qu’elle a de bonnes raisons et que quiconque voudrait qu’elle change n’est rien qu’un parasite toxique.

De fait, elle garde difficilement des amis proches. Parfois c’est blessant, oui. Souvent, elle s’en remet vite. De toute façon, c’est la première à déménager à l’autre bout du monde sans prévenir personne, alors bon. « On m’accuse souvent de prendre peu de nouvelles, mais je suis occupée moi, j’ai pas que ça à penser aussi. » C’est compliqué, pour elle, de se souvenir d’appeler ses copains, de leur envoyer un petit mot, une carte postale, de leur souhaiter leur anniversaire. Elle ne s’offusque pas quand on oublie le sien, alors elle déteste qu’on lui reproche ses manquements.

Et puis, étant incapable d’aller à la confrontation, elle est devenue maître de la disparition volontaire. Elle bloque, évite, ignore les personnes avec qui les relations s’effilochent. Bien plus facile qu’accepter ses torts. Mais c’est ainsi qu’on se retrouve avec une ville entière de connaissances, et pourtant bien seule. Tant qu’elle s’y plait, diront certains. « Dans la vie privée, c’est vrai que je suis plutôt solitaire mais… ce n’est pas vraiment un défaut, non ? Moi je pense pas, en tout cas. »


• Pour oublier les horreurs que tu viens de dire, dis nous tes qualités !

« Je suis sympa. J’aime bien rigoler. » C’est vrai, après tout. Tant qu’on ne gratte pas trop la surface, ce n’est pas une personne désagréable à côtoyer. Une jeune femme comme beaucoup d’autres, qui saute sur toutes les occasions pour festoyer, l’option aventure en supplément. Un professionnelle du lâché prise, ambassadrice d’une pensée hakuna matata. « Et puis c’est pas avec moi que tu vas te prendre la tête. Moi, je vis pour le moment. J’ai pas de regrets, jamais. Je crois en mes rêves, et ça tombe bien parce que j’en ai plein la tête. J’ai pas le temps de me poser des questions et d’être pessimiste. C’est comme ça qu’on passe à côté de nos vies. J’ai failli faire cette erreur, alors je parle d’expérience. » C’est peut-être la meilleure (la seule ?) chose que ses parents lui ont appris. Ne pas attendre pour vivre, et surtout ne pas courber l’échine face à l’échec. C’est l’échec qui fait la réussite, aussi brutal soit-il, il ne faut pas le craindre. C’est facile, quand on naît dans l’opulence, avec une personnalité naturellement forte et optimiste, elle le sait. Elle connaît sa chance. Dans des élans empathiques, elle aimerait parfois pouvoir la partager, cette chance, cette philosophie qui lui a évité bien des angoisses. Mais faire du social, c’est beaucoup de travail et pas forcément dans ses cordes.

« Ma soif d’apprendre est intarissable. C’est aussi pour ça que je voyage, comme ça je n’ai pas d’autre choix qu’ouvrir mon esprit et découvrir. Le monde autour de nous à tant à nous apprendre, on ne prend juste pas le temps de l’écouter. » Amoureuse de ce qui l’entoure, elle considère la curiosité comme l’une de plus belles qualités à avoir, et l’une des plus importantes. « Et les gens… les gens ! Si on leur en donnait l’occasion, je sais que chaque personne ici bas aurait quelque chose à nous apprendre. »

« Enfin bref, je pense juste être une bonne personne, quoi. Je ne souhaite de mal à personne, je traite mes Pokémon comme des rois et je trace ma route. C’est tout ce qu’on me demande, non ? »


• Et qu'est-ce que tu préfères chez toi ?

« Je ne préfère rien, car j’aime tout chez moi. » Pourtant, il y a cette toute petite chose, ce détail, ce problème, unique mais bien là. « Absolument tout. Je suis fantastique. »


• Aimes-tu les Pokémons ?

« Bien sûr. » Elle hausse les épaules, parce qu’elle pense la réponse évidente. « Je ne comprends pas comment on peut ne pas les aimer. Je pense que quelqu’un qui vit sans Pokémon à ses côtés rate vraiment quelque chose. En plus il y en a vraiment pour tous les goûts. » Ele secoue la tête, l’assurance pétillant des les yeux. « Non, c’est comme dire qu’on aime pas la musique, c’est juste stupide, en fait. »


• Quel est ton type de Pokémon préféré ?

“ Si je devais vraiment choisir, je dirais les Pokémon de type Vol. ” Elle lève les yeux au ciel, rêveuse. “ Le monde est à leur portée. Aucun n’est plus libre qu’un Corvaillus fendant les nuages à toute allure. Oui, ce sont mes préférés, sans aucun doute. ”

• D'ailleurs, as-tu des Pokémon favori ?

“ C’est difficile, j’aimerais dire que j’aime tous les Pokémon de manière égale, mais si je dois être honnête.. J’aime énormément Corvaillus. J’en ai passé des heures dehors à les regarder passer dans le ciel, quand j’étais petite. ” Elle se sent niaise en riant à certains souvenirs. “ La première fois que j’ai utilisé le service de Taxi, j’étais extatique. Puis il décollé, j’ai paniqué et j’ai pleuré tout le long du trajet - heureusement que c’était que dix minutes. Le deuxième voyage s’est beaucoup mieux passé. ” Elle se renfrogne d’un coup, se mord la lèvre et tire sur une mèche de ses longs cheveux. “ Sinon j’aime bien les Lanssorien. ”

• Le Pokémon de tes rêves, c'est qui ?

“ Deoxys. Imaginez tout ce qu’il a pu voir, ailleurs, encore plus loin que partout où nous, humains, avons pu aller. ” Elle secoue la tête, rit à peine, presque un chuchotement. “ Bien sûr je ne voudrais pas le capturer. Mais si je pouvais le voir… j’aurais l’impression d’avoir vu un bout de galaxie, quelque chose comme ça. ”

• Quelle est ton évolition préférée ?

“ Pyroli. Mon père en a un, j’ai appris à marcher en m’accrochant à sa fourrure… Heureusement qu’il était gentil. ”

• Est-ce que tu as déjà des pokémons ? Si non, est-ce que tu en veux un ?

“ J’ai grandi avec les Pokémon de mes parents, une véritable ménagerie, vous avez pas idée. C’était des dresseurs, tous les deux, ils sont même passés à la télé, vous savez ? Enfin, c’était il y a longtemps, et autant dire que j’ai pas vraiment suivi leurs traces. Mon premier Pokémon était un Fantrym, mais je l’ai laissé à mon petit frère, ils s’entendaient si bien tous les deux… alors que c’est moi qui l’ai fait éclore ! ” Elle avait été jalouse, on le devinait si tant est qu’on fût assez observateur pour déceler l’empourprement, léger, de ses joues. “ Je l’ai fait de bon cœur, de toute façon il sera mieux avec lui qu’avec moi. ” Dix ans qu’elle essayait de s’en convaincre.

“ Mais moi maintenant, j’ai Bob et Georges ! ” Retour de la lumière dans ses yeux, l’amertume s'efface. “ J’ai trouvé Bob dans la poubelle, c’était encore un bébé. Je pense qu’il était affamé car la première chose qu’il a faite en me voyant c’est me mordre. Deux jours d’hôpital. ” Cette histoire la fait rire, mais elle a quand même failli y laisser un doigt, à l’époque. “ On s’est lentement apprivoisés, je lui amenais à manger derrière la poubelle tous les soirs, en secret - mes parents ne voulaient pas entendre parler de cette saleté de Miaouss qui avait croqué leur fille, logique. Puis un jour j’ai volé une pokéball à mon père et je l’ai capturé. C’est mon meilleur ami, maintenant. C’est toujours une teigne, mais je l’aime comme ça. ”

“ Quant à Georges… eh bien… ” Elle réfléchit, longuement. “ C’est une drôle d’histoire. Je venais d'emménager dans mon premier appartement, c’était ma première nuit, je me suis levée pour aller aux toilettes… ” Elle frissonne, son corps n'ayant pas oublié la terreur ressentie cette fraîche nuit de mai. “ Et il était là. Dans la cuisine. Je lui ai jeté une casserole et Bob lui a mis une de ses dérouillées…Mais ça l’a pas empêché de rester là. C’était un peu comme un meuble en fait.” Elle baisse la voix. “ Avec le recul je pense qu’il avait maudit mon appart’, ça explique le loyer vraiment intéressant. ” Elle hausse les épaules, visiblement pas traumatisée par la hantise. “ A force on s’est habitués à lui, et puis, on s’est adoptés. ” Elle fronce les sourcils. “ Est-ce que ça veut dire que je suis maudite ? ”


• Tu as des objectifs dans la vie ?

“ Parcourir la terre entière. J’ai déjà beaucoup voyagé, je sais que j’ai de la chance, mais j’en veux plus. Je veux tout voir, tout entendre et tout goûter. ” Elle ferme ses poings, une part d’elle sachant que ce rêve, si commun soit-il, sera difficile à réaliser. “ Gagner beaucoup d’argent. Partir à la retraite à quarante ans - pourquoi pas avant si je le peux. Monter sur un bateau et ne plus jamais revenir à la case départ. ” Son sourire est doux, son regard perdu quelque part - dans ses songes plein de belles images, sûrement. “ Et disparaître. ”

• Quel est ton lieu favori sur Safari ?

“ Ca ne fait même pas un mois complet que je suis ici, je ne peux pas me décider. Pour être honnête - mais ne le dites pas à mes clients hein - je n’ai pas encore visité tous les points d’intérêt que je vends dans mes circuits. ” Elle pouffe, tourne des yeux, jouant la culpabilité. “ Je me plaît en ville pour l’instant, mais j’ai hâte de visiter le nord, je pense que je pourrais y avoir des coups de coeur. ”


• C'est quoi le plat que tu aimes le plus ?

“ Les raviolis en boîte. ” Elle rougit légèrement, ses yeux se baissent, elle perd un peu en aplomb. “ C’est pas de la grande cuisine, mais ça me rappelle à mon enfance. Mes parents ne cuisinaient pas, on mangeait beaucoup de sandwich, ou au restaurant, ou chez mamie et papi… Mais parfois, on restait à la maison et ils réchauffaient des raviolis. ” Elle se tait un moment, ressasse toutes ces choses, des souvenirs qu’elle ne se souvenait même pas avoir eu un jour. “ C’était sympa ”.

• T'as de la famille  ?

“ Ma mère a été célèbre, à un moment. Elle avait gagné des tournois, avec ses Pokémon. Il paraît qu’ils étaient vraiment très forts, et que c’est là qu’elle à rencontré mon père. D’après la légende familiale, elle lui aurait mis une gigantesque raclée. ” Elle parle sans entrain, monocorde. “ Mon père était pas mauvais non plus, mais pas aussi bon. Ils se sont bien trouvés, ils avaient les mêmes priorités. Ils se sont fabriqués des héritiers : mon frère et moi. ” Elle plisse le nez et se mord la langue, elle se retient de jurer, faudrait pas faire mauvaise impression. “ Je suis la plus vieille. Bon pas de beaucoup, mon frère a juste un an de moins que moi. Il est très… comme eux. J’étais un peu le vilain petit canard, quoi. ” Elle se gratte la tête, cherche comment détourner ce qu’elle pense, comment adoucir la réalité. “ On s’entendait bien avec mon frère, mes parents étaient assez absents mais pas méchants. Puis mon frère à commencé les suivre et moi, j’ai passé beaucoup de temps chez mes grand-parents. ” Un soupir. “ Quand ma grand-mère est morte, je suis restée aider mon grand-père. Puis il m’a jetée dehors. ” Elle sourit, ce n’est pas vraiment ça l’histoire. “ Il m’a dit d’arrêter de s’occuper de ses vieux os et d’aller réaliser mes rêves, à défaut de ceux de mes parents. Il m’a beaucoup aidée, je ne pense pas que j’aurais fait grand chose dans ma vie s’il n’avait pas été là pour me secouer quand j’en avais besoin. ” Ses yeux se perdent dans la vide, son visage se fige dans une moue rigide, en plein combat contre ses émotions. “ J’aimerais pouvoir le remercier un jour. Faire ça bien, à hauteur de ce qu’il a fait pour moi… Mais je ne saurais même pas par où commencer. ”

• Tu veux nous en dire plus sur toi ? Dis-nous ce que tu veux, on t'écoute !

. Elle se présente interchangeablement comme « Zuza » ou « Zuzu ».
. Bien qu’elle n’en soit pas proche, elle garde une bonne relation avec ses parents. L’entente est plus tendue avec son petit frère depuis quelques années, mais ils ne se voient pas assez pour que ça ait un impact sur sa vie.
. Elle a été fiancée, à 20 ans, après 4 mois de relation. Elle s’est réveillée une nuit en se rendant compte de l’erreur qu’elle faisait et a tout annulé. Son ex lui envoie toujours des messages pour prendre de nouvelles de temps en temps (elle ne répond pas).
. Il y a un an, elle a appris être atteinte d’une maladie dégénératrice qui allait lentement la rendre aveugle. C’est un secret, elle n’en parle pas, y pense le moins possible et vise simplement à profiter tant qu’elle peut.
. Elle mesure 1m69 et n’a jamais dépassé la barre des 57kg.
. Elle déteste se baigner et se laisser dorer sur la plage. C’est plus une fille de la montagne et des champs.
. Elle a décidé que tous ses Pokémon auraient des prénoms d’humains. Peut-être parce que ça lui donne ainsi l’impression d’avoir des amis, qui sait.