Moi, ici, encore.

C’est simple : je me suis proposé pour faire le tour de l’endroit et s’assurer qu’en cette période où on a pas mal de pokémon sauvages qui arrivent à travers les portails étranges qui s'ouvrent parfois sur l’île. De base, je devais le faire avec l’agent Stathis, mais il a vitre trouvé un moyen de me refourguer à un autre.

Et vraiment, j’aurais pas pu tomber sur un meilleur compagnon qu’Angel. Contrairement à Arès, déjà, il sait sourire et converser et être agréable et-
Bref, vous voyez le genre.

« Hey Angel, tout va bien par ici? » te demandais-je en posant une main sur ton épaule, observant avec toi (avec un frisson) l’ouverture d’un énième portail, plus au niveau de l’eau et des docs. « Je suppose qu’on sait où aller » dis-je dans un soupir.

« Ça va » que je grommèle doucement; « Pas de Froussardine en vue, mais je me suis fait attaquer par un Rattentif démoniaque la dernière fois que je suis passé, alors faisons attention. C’est sûr qu’il a la rage, en plus… je devrais passer te le montre, enfin, au centre pokémon. Je l’ai malencontreusement capturé et comme c’est une menace pour la société, j’ose pas le relâcher. Faudra que j’apprenne à le dresser » et je soupire, un peu ronchon à cette idée. Déjà que je suis pas à l’aise avec les pokémons, pourquoi est-ce que je me coltine cette horreur? Et pourquoi est-ce que la réponse c’est que maintenant, j’ai une excuse que revoir ce foutu policier marabout?

« Oh, t’as fait une bonne affaire là, il a l’air chouette l’aquarium » dit-je simplement, sobrement, observant les photos avec soin…

Mais ce petit bout de paradis ne pouvait pas durer, évidemment.

On l’a entendu avant de le voir. Un Vrombi en panique qui n’arrivait pas à freiner, qui sortait à toute vitesse d’un portail pour se diriger droit vers nous. J’ai réagit avant de réfléchir (à croire que ça va devenir la norme) et je lance une pokéball sur le pokémon pour le ralentir dans sa poursuite. « Par là! » te criais-je par-dessus le grabuge du moteur, te prenant par la main sans ménagement et nous plaquant contre le hangar le plus proche…

« Les vaccins c’est une fois l’an, non? Je les ai fait juste avant d’arriver sur l’île il y a quelques mois, elle ne devrait pas avoir son rappel avant l’été prochain. Shaoxing a eu son checkup il y a quelques semaines, je l’ai fait voir tout de suite après sa capture. Par contre mon Rattentif… il faut effectivement que le lui fasse faire ses vaccins, mais en ce moment c’est un défi de le sortir de sa pokéball… quoique j’avoue qu’au centre, vous devez avoir accès à des services pour aider à son éducation. Je veux pas juste le relâcher dans la nature comme il est de toute manière pas originaire de l’île, mais disons que j’apprécie pas avoir un pokémon qui déchire les canapés à sa guise. Surtout que bon, je suis dans des locations, j’ai pas encore d’endroit à moi. » ouais, payer les frais de remplacement, non merci. Parce que si les locations sont payés, bah si je fais des dommages, ça sort direct de mon allocation, et ça ça fait mal au portefeuille, surtout que c’est pas donné de faire réparer ces merdes là.

Puis je t’attires vers le mur, et lorsque la pokéball entre en contact avec le Vrombi, le silence revient. Mon cœur pompe à toute allure, et mon calme ne revient que quand nous entendons le clic familier de la capture du pokémon. « Oh, bordel » dis-je dans un soupir. « Qu’est-ce que je vais bien foutre d’un Vrombi » et puis- je vois quelque chose de jaune tomber directement sur ta tête, un peu comme la Froussardine, mais sans en être, et je te vois m’imiter et juste jeter une pokéball dans sa direction. « Ah, je vois que tu partages ma technique » petit sourire et, comme je t’ai enlacé là, je ne peux pas m’empêcher,  comme on dit, de m’amuser un peu. Après tout, à mon âge, il faut profiter des bonnes choses, et puis l’univers sait à quel point j’aime draguer (même si je suis rarement efficace dans la chose, disons). Je glisse mes doigts sous ton menton pour le relever dans ma direction, et je te dis : « Tout va bien? »

Grand sourire aux lèvres et yeux qui pétillent derrière mes lunettes de soleil, je te laisse toutefois aller pour ne pas faire passer ce moment dans les anales des moments malaisants. Puis après tout, vu notre différence d’âge…

« T’as capturé quoi? » dis-je en attrapant ta pokéball et te la tendant; « J’ai pas eu le temps de voir. C’était jaune en tout cas, et pelucheux » on voit tout de suite où est mon intérêt et où sont mes priorités, hein. Je fais quelques pas de plus et j’attrape mais propre capture. « Je suppose que je peux le relâcher un peu plus loin »

« Ah, j’ai de la chance, alors » que je souffle tout bonnement, visiblement soulagé même si mon visage, lui, ne semble pas changer d’air. « Normalement » que je répète en grommelant un peu; quand bien même j’ai l’air maussade, en tout cas je prend en note tes recommandations sur mon téléphone et je compte bien les tester pour voir si ça fonctionne. Après tout le Ratentif ne doit pas très bien se sentir s’il est constamment enragé, et ça lui ferait du bien de dormir avec les deux yeux fermés sur un petit coussin plutôt que dans sa pokéball.

Et oh – quel doux bégaiement, quand même, mais je m’en veut de te tracasser avec mon flirt tout gratuit, quand même. Le rouge te va bien, mais vu la différence d’âge… vraiment, je suis incorrigible. « Ah, mais il est fait comme Bandol, lui » que je rouspète, voyant qu’il te mort le doigt. Sans trop de ménagement, je l’attrape d’une seule main, l’empêchant de fuir. « On ne mord pas » lui dis-je sévèrement, et la petite bestiole le pris vraiment à cœur, relâchant de grosses larmes de crocrodile. J’aurais cru qu’il se serait débattu, mais en fait pas du tout. « Écoute, je dois déjà faire l’éducation d’un pokémon, qu’est-ce que c’est que d’en ajouter un autre. Si tu veux, je te laisse la pokéball du Vrombi, et je te prends celle de L’Emolga. Il est pas très gentil, mais il mignon… » ça me fait penser à un certain policier, mais ça j’évite d’en parler.

« Qu’est-ce que t’en dis? » et je lance l’Emolga dans les airs – chose qui peut paraitre effrayante aux premiers abords, mais il ouvre ses bras et se met à rire comme un forcené, profitant de l’impulsion pour planer autour de nous. Au moins là, il a l’air d’être calmé un peu, ce serait chouette si c’était aussi simple avec Bandol, hein. Et puis – juste comme ça, je sens quelque chose se frotter contre moi et je baisse les yeux, surpris, pour croiser une Dynavolt qui semble m’apprécier… sans que j’aie fait quoi que ce soit. Elle a l’air sale, mais je peux voir à son cou qu’elle a un collier. Pauvre bête, elle a dû passer à travers un portail et perdre tout chemin pour retourner à la maison. Je me penche délicatement pour venir poser ma main sur son dos, et je te dis; « Oh, elle est bien maigre » et puis je lève les yeux vers toi; « Peux-tu lui faire un check-up, Angel? Si quelqu’un en a besoin, ici, c’est bien elle. Je vais garder un œil sur l’Emolga… »

« Abandonnée, ou perdue » observais-je simplement; elle possédait après tout un collier autour du cou. « Ramenons-la au centre pokémon et vérifions si nous pouvons vérifier les informations sur son collier, ce sera le mieux » dis-je, prenant un peu la décision pour nous trois. Je me penche et je viens la soulever dans mes bras, un geste qu’elle affectionne particulièrement puisqu’elle vient me lécher le visage avec enthousiasme. « Allez, allez, c’est assez » dis-je en grommelant, et pourtant un petit sourire heureux se dessiner sur mes lèvres. Elle me fait penser à Merlot, au fond, et j’espère que nous retrouverons son dresseur et qu’il est mort d’inquiétude à son sujet.

« Mais!? » le fait que je tienne la Dynavolt dans mes bras m’empêchait légèrement d’intervenir pour te mettre hors de la route du Motisma, et tu te retrouves par terre. Je te tend ma prothèse pour t’aider à te relever; c’est plus hasardeux qu'avec ma main valide, mais disons qu’elle est assez accaparée pour l’instant. « Ouais, comme tu dis, on va peut-être devoir en relâcher dans la nature si on continue à se faire attaquer comme ça » souffle de dépit, à chaque jour qui passe je fais des progrès vis-à-vis de ma relation avec les pokémons (et les humains en général, aussi), mais des journées comme celle-ci, j’ai l’impression de faire des pas en arrière. Quand même, j’ai un pokémon inconnu dans les bras, alors on peut dire que j’ai fait mon effort de la journée.

« Allez, allons au centre pokémon pour tout ce petit monde, en verra si on se sent pour revenir après. Tu n’as pas trop mal? » que j’ajoute rapidement en voyant l’état de tes vêtements – une telle chute ne doit pas faire du bien…

« Oui, j’avoue que le frigo il t’a pas manqué » dis-je en te couvant d’un regard délicat (que tu ne verras jamais à travers mes lunettes fumées); tu boites et ça me fait mal au cœur, au fond, j’aurais aimé pour voir te soulever toi aussi et te transporter comme un petit prince, mais avec la Dynavolt dans mes bras, il était difficile pour moi de t’offrir une quelconque assistance. « Tu peux te tenir sur moi, si ça aide à avancer » parce que même les bras pleins, je reste un solide bonhomme après tout. Le centre pokémon et l’hôpital ne sont pas bien bien loin, mais quand même, je ne voudrais pas que tu aggraves ton état en marchant sur un pied bousillé trop longtemps.

« Passons par l’hôpital en premier » dis-je simplement, d’un ton qui n’acceptait pas qu’on me contredise, à la fois ferme et résolu; « Pendant qu’ils te passent au triage, j’apporterai notre clandestine au centre pokémon » petit pause marquée d’une hésitation, mais je continue avec le reste de ma planification; « et après je viendrai te retrouver. Comme ça tu n’auras pas a attendre seul, les salles d’attente peuvent être ennuyantes » planifier tout ça donnait un peu de structure aux prochaines minutes, à la prochaine heure, et moi ça me donnait un semblant de stabilité. « Tu manges végan, pas vrai? » dis-je, me rappelant que tu m’avais fait la mention; « J’irai te chercher un petit quelque chose à manger, si l’attente est longue, comme ça tu n’auras pas à t’en inquiéter »

Oui, voilà. Alyosha, presque un inconnu, en train de te soigner aux petits oignons à sa façon.