Allez; c’est bientôt l’été, le temps c’est adouci après le passage de l’hiver, aujourd'hui il fait beau et chaud et on est un jour de fin de semaine, ce qui veut dire que la ville est pleine de monde qui veulent profiter du beau temps, et moi, au fond, je suis pas différent des autres. Comme j’ai capturé pas mal de nouveaux pokémons (tous plus mignons les uns que les autres) j’ai décidé qu’il était une bonne idée de me rendre au village Pikachu, qui est un peu moins peuplé que les grosses villes comme Safari, pour profiter de leur grand parc pokémon, où ils peuvent bien sûr aller en toute liberté et, surtout, en sécurité! Le plus dur pour moi, c’est bien entendu de décider de qui viendra avec moi, puisque le parc a comme règle, comme bien des endroits d’ailleurs, qu’on ne peut emporter avec soit qu’au plus six pokémons. Je dois décider entre eux qui ont besoin d’y aller, comme par exemple Merlot, ma Keunotor, qui doit vraiment faire un peu plus de sport vu comme elle est rondouillette, et ceux qui l’apprécieraient le plus, comme Syrah, mon Hélionceau plein d’énergie, ou même Sangria, mon Evoli qui aime bien le suivre partout.

Enfin, je suppose que si je commence avec cette base (Merlot, Syrah, Sangria), il me reste trois places. On va oublier de suite le Draïeul, qui ne fera sûrement que brouter de l’herbe toute la sortie, et aussi Bandol parce qu’il a encore des problèmes d’agressivité et que, bon, c’est vrai qu’il a eu ses vaccins pour la rage, mais ce serait quand même catastrophique qu’il en profite pour mordre d’innocents petits pokémons. Avec ces deux-là de retirés de la liste, je dois me rendre à l’évidence du fait qu’il me reste cinq pokémons et trois places. Déjà, j’ai deux paires de pokémons à ne pas séparer, soit Chardonnay et Champagne, mes Emolga, ainsi que Malbec et Zinfandel, mes Rattata / Rattata d’Alola. C’est donc simple; j’emmènerai une des deux paires, ainsi que Riesling, ma petite Pichu bien mignonne.

Accompagné, donc, de mes six pokémons, je quitte le confort de l’appartement que je loue pour le mois et je prends ma bécane (aussi louée) pour faire le chemin vers le village Pikachu, non sans avoir emporté masse de grignotines, sachant qu’il y avait des fontaines d’eau là-bas pour s’abreuver. On est jamais trop préparé, il parait, et j’ai fait mes recherches sur le parc de jeu pour pokémons la veille au soir. Une fois arrivé, je libère mon petit monde avant un mot de précaution : « Allez, vous pouvez aller jouer, mais tâcher de toujours être capable de me voir et de m’entendre, d’accord? »

Il n’en fallut pas plus pour que ça se disperse; les Emolga se sont dirigés vers des perchoirs qui leur feront guise de jeux d’agilité, mon Evoli et mon Hélionceau se sont mis à courir comme des petits fous dans le champ de pâquerettes, ma Keunotor s’est dirigée vers une petite pataugeoire pour s’y laisser flotter (c’est pas très sportif, j’avoue, mais bon…) et ma Pichu, elle, me regarde avec de grands yeux confus. Je me penche à son niveau, replaçant mes lunettes de fumée sur mon nez, et je lui dis; « Tout le monde est ici pour s’amuser, Ries’. Si tu cherches, je suis sûr que tu peux te trouver des amis » c’est vrai que j’ai remarqué qu’elle était plutôt pot de colle avec moi, ça lui fera bien d’ouvrir un peu ses horizons.

Moi, je vais me poser le cul sur un banc de parc de là où je peux voir tout le monde, et je suis des yeux Riesling, ma Pichu, qui va direct…


… se trouver une amie humaine. Bon, c’était pas ce que j’avais en tête, vite fait, mais bon, on peut pas dire qu’elle ne socialise pas.

« Pipi Pichu » s’exclame la Pichu avec joie, sautillant sur place après avoir pointé son dresseur (c’est moi, ça); je ne le perd pas d’un œil, m’Assurant d’une part qu’il ne t’embête pas, et de l’autre, que tu ne sois pas une personne dangereuse. Bon, petite comme t’es, je crois pas qu’y’ait trop de danger, mais avec les enfants on ne sait jamais comment la personne va réagir. Après tout Ries’ est très mignonne et toute petite, ce serait pas difficile de la kidnapper.

Il semblerait que je ne sois pas le seul, toutefois, qui se soit fait la même réflexion, puisque Chardonnay et Champagne, mes Emolga, se sont mis à planer et ont atterrit sur ton banc, de chaque côté de tes épaules comme pour t’intimider, sauf qu’ils sont deux trognons, tu vois, donc c’est pas très efficace. Enfin, Chardonnay, le mâle, n’a pas toujours un bon comportement, alors je sais très bien que si tu fais des problèmes, il te tirera les couettes jusqu’à ce que tu arrêtes.

Mais il semble que l’attention des deux Emolga ait attiré l’attention de Sangria, mon Evoli, et de Syrah, mon Hélionceau, moins à cause de ta personne, cette fois, mais plus à cause du Pyroli sur tes cuisses. Sangria, câline comme toujours, vient se frotter sur tes jambes pour quémander des caresses et, constatant que mes pokémons formaient un gros groupe autour de toi, je me lève pour intervenir avant que la pagaille arrive…

Tu sors la pokéball, et tout de suite ça provoque une réaction chez les deux Emolga; Chardonnay, la petite femelle, pense de suite que t’es un danger, et Champagne, lui qui est bien plus fûté de toute manière, comprend que t’as un Dedenne à l’intérieur, parce qu’il t’a écouté parler, lui. Chardonnay tente de s’élancer pour te tirer les cheveux, méchante qu’elle est, mais Champagne la devance et la plaque, la faisant tomber du banc de parc alors qu’ils roulent dans l’herbe, se chamaillant, ce qui, au fond, est assez rare avec ces deux-là, heureusement.

Syrah, mon Hélionceau, pas mécontent qu’on lui offre non seulement de l’attention, mais en plus des caresses, ne se fait pas prier pour grimper sur tes genoux à la suite de ton Pyroli, pour le plus grand calvaire de Riesling, ma Pichu, qui aurait bien voulue s’y installer; la voilà qui sautille sur place, poussant de petits cris, comme inquiète de s’être fait remplacée aussi vite, alors que Sangria, elle, fait copain-copain avec ton Pyroli, manifestement impressionné par son beau pelage volumineux et douillet.

C’est sur cet arrière-plan que j’arrive. Et à chaque pas qui me rapproche de toi, je réalise avec horreur que t’es plus petite, plus jeune encore que je croyais. Non mais parce que, comprenez, c’est vrai que ce sont mes pokémons et que je veux pas qu’ils t’embêtent, mais on va se mettre d’accord que comme vieil homme, c’est quand même vachement mieux que j’aille pas accoster des jeunes filles dans les parcs, non? Enfin… tant que la conversation reste brève, je suppose que ça va.

« Ils… ne t’embêtent pas? » que je demande, une fois arrivé à votre niveau, quoique je laisse une distance respectueuse entre nous. Lunettes de fumée sur mon nez, sûrement que ma prothèse métallique attirait plus l’attention sur moi encore que mon âge ou mon air de filou. « Ils sont pas méchants, mais si tu fais pas attention, ils sont envahissants » au moins là Sangria semble être obnubilée par ton Pyroli, et, maladroit, je dis; « Il a un nom, ton Pyroli? Il est magnifique. Si c’était que de moi, Sangria évoluerait en Pyroli aussi. Toutes les evolitions sont super, mais Pyroli a une place spéciale dans mon coeur » et je me râcle la gorge; oui, quand je suis nerveux, je parle plus que de raison.

Au final je m’accroupis pour me faire moins grand, et aussi, pour venir caresser la caboche de Ries’, qui est fort déçue de devoir partager la première amie humaine qu’elle ait pu se faire. Syrah, lui, s’étire comme un félin satisfait, fermant à demi les yeux pour ronronner sans retenue. Ah; vrai qu’ils sont trop mignons (et enfantins…) pour leur bien, mes pokémons. Mon regard tombe sur la pokéball entre tes mains – et comme moi je ne lis pas sur les lèvres, j’ai aucune idée de pourquoi t’avais une pokéball de sortie. Sûrement pas pour capturer Ries’, pas vrai? Peut-être pour en sortir un pokémon, alors. Enfin, c’pas moi qui vais t’arrêter, surtout s’ils ne te dérangent pas.

« Chardonnay, Champagne » que j’appelle mes deux Emolga, réalisant que c’était, effectivement, pas très bien de les laisser se bagarrer, même si ça restait loin d’être très violent. Un peu comme deux adelphes peuvent s’embêter des fois, surtout! Puis à vrai dire, le rapport de puissance était énorme, à vrai dire, Champagne, le petit mâle, était au moins trois fois plus puissant que Chardonnay, la petite femelle. Ainsi, il l’a maitrisée assez rapidement, au plus grand malheur de celle-ci qui pousse des hurlements à en réveiller les morts, quoiqu’ils ne sont pas des cris des douleurs.

En tout cas Champagne obéit rapidement et revient vers moi, m’offrant de grands yeux pleins d’étoiles comme s’il voulait se faire féliciter d’avoir relâcher Chardonnay. « Bien joué, p’tit gars » que je lui dis en venant lui tapoter la tête à lui aussi. J’sais, j’ai l’air intimidant à première vue, mais juste à voir mes pokémons trop mignons et la manière que je les traite, il est difficile de me voir autrement qu’un vieil homme sympathique, je crois. En tout cas j’espère surtout ne pas te faire peur, mais t’es l’air de très bien gérer la situation, et moi, je suis toujours accroupi au sol.

Ouais, mes genoux vont me détester quand je vais tenter de me redresser, moi…

« T’as entendu la p’tite dame, Ries’ » que je dis au Pichu, l’encourageant à elle vers toi. « Elle a deux genoux et deux mains, si c’est ti pas merveilleux » et, ainsi encouragée, la Pichu se hisse sur le banc et puis sur ta cuisse, trop contente de s’être fait une amie aussi facilement. J’espère quand même qu’elle ne prendra pas pour habitude d’aller vers toutes les collégiennes qu’elle croise, quand même. « Oui » te dis-je plus directement alors que tu complimentes Syrah, mon Hélionceau, je te dis : « [b]il[/i] est vraiment très affectueux. Fait attention à toi quand même, parfois il sort ses griffes pour jouer. Je dois lui mettre des trucs au bout des ongles, genre que ça peut se rétracer avec ses griffes et ça lui fait pas mal, mais j’ai pas encore pris le temps de lui faire. Faut dire qu’il se débat pas mal quand j’essaie de l’attraper, moi. »

Ouais- moi j’ai du mal, mais toi, pas. Je sais pas trop comment j’dois l’prendre, au fond, mais c’est vrai que je ne le connais pas depuis longtemps et c’est normal que ça prenne parfois du temps avant d’être habitué à la présence l’un de l’autre. Je pousse un petit rire au travers de ma gorge et de mes lèvres, le genre de rire silencieux qui n’est qu’une expulsion d’air, vraiment; t’es drôle à tous les pointer un après l’autre comme ça en disant que tu les apprécies, mais je suppose que c’est ton âge qui joue. Quoiqu’au fond, je connais des adultes (Angel me vient en tête…) qui feraient la même. « Oui, ils sont mignons. Si tu fais pas attention, tu vas te faire accaparer. Hésite pas à leur dire s’ils abusent. Ce sont que des bébés pour la plupart, alors souvent ils sne se rendent pas compte de ce qu’ils font »

Une certaine hésitation se marque ensuite dans le flot de parole; j’aimerais avoir le courage d’ajouter j’aime les pokémons mignons aussi; la vérité c’est que c’est évident comme le nez au milieu de mon visage, et au fond, qu’est-ce que ça peut faire que j’aime les pokémons mignons à mon âge. Mais la vérité c’est qu’après avoir « travaillé » avec des personnes très machistes, il est parfois dur d’avouer ce genre de chose, même à une gamine que je reverrai jamais de ma vie (j’assume, mais après, le monde est petit). C’est sûrement pour ça que j’aime être avec Arès, je sais que c’est parfois difficile pour lui aussi d’être honnête avec ces choses là et, ensemble, on peut prendre notre temps pour s’ouvrir.

« Oh, t’as de la chance » dis-je simplement lorsque tu me parles de l’élevage de ta mère; « ça doit être chouette de vivre proche de plein de pokémons » même si bon, moi, je pourrais pas le faire, pas encore. Mais j’essaie d’aller mieux et de faire confiance aux pokémons. Après, avec les miens, c’est facile, ils sont minuscules! « Sangria a l’air de bien aimer Lola » dis-je finalement en les observant aller; « Elle ne vient d’éclore qu’il y a quelques mois, alors j’essaies le plus possible de la familiariser avec d’autres Evoli ou ses évolutions. Comme ça, quand viendra le temps, elle aura une meilleure idée d’en quoi elle veut évoluer. J’ai un ami, il a un Mentali qui s’occupe bien d’elle… »

Et puis je m’arrête, finalement. « Bon, j’vais pas t’ennuyer avec mes histoires de vieux. Si t’es à l’aise avec mes pokémons, alors amuse-toi bien avec eux » je me redresse, non sans grogner quelque peu; « j’m’appelle Alyosha, t’as qu’à m’appeler s’ils te font des problèmes. Je vais aller voir si ma Keunotor va bien, ça fait un moment que je ne l’ai pas vu »