Avoir un jour de congé – un vrai – c’était toujours pour lui l’occasion d’aller dans son ancienne famille d’accueil, de voir ses parents de cœur et de les aider dans leurs tâches quotidiennes. Qu’est-ce qu’un faux jour de congé, vous direz? C’est de ces jours où il ne travaille pas et n’a pas à travailler, mais où sa santé en prend un coup et il se retrouve à devoir rester chez lui, sous ses couvertures, à couver ce que l’univers veut bien lui envoyer comme problème sur le moment. Mais aujourd’hui, il se sentait bien, son teint blafard était teinté d’un peu de rose qui démontrait son état de santé général. Il avait pris le train aussi tôt qu’il avait pu le faire pour se rendre dans la zone est, et puis l’autobus pour arriver « à la maison ».

Depuis quelque temps, il y a un petit nouveau dans la famille. Ethan de son nom, il avait la fâcheuse tendance à fuguer, d’ailleurs, et ça avait été beaucoup d’énergie pour le retrouver à chaque fois pour ses parents. Cisco ne pouvait pas le comprendre – il avait été emporté à Safari bien trop jeune pour avoir un concept de la fuite vraiment ancré en lui, et pour lui la famille d’accueil avait été un roc dans le chaos de sa vie à ce moment-là. Mais ce n’était pas pareil pour Ethan, qui était plus vieux, qui comprenait un peu plus le monde autour de lui et qui, par conséquent, sembler le redouter d’autant plus.

Il frappe à la porte et puis il entre – après tout il a la clef de la demeure, et on l’attend. Dans ses mains, deux cabarets avec des boissons chaudes pour tout le monde, des cafés pour les adultes et des chocolats chauds pour les enfants. Après tout, Cisco ne passait pas souvent, mais il restait un adulte avec un salaire conséquent, qui vivait dans un appartement modeste et qui n’avait que trop peu d’occasions de dépenser son argent, alors quand il venait ici, c’était un peu Noël à chaque fois. Évidemment, son sac à dos était rempli de livres, mais aussi de collations importées, des favoris de certains et des nouveautés disponibles à Safari.  Le matin, comme toujours, allait être mouvementé et, il l’espérait, heureux.

Lui-même ne buvait pas de café, à vrai dire, son corps ne le supportait pas, mais il adorait son chocolat chaud saupoudré de cannelle. Son regard d’ambre tombait comme à chaque fois sur Ethan, sans savoir comment l’approcher. Il était comme un Chacripan, bien indépendant et facile à apeurer. S’il voulait tisser un lien avec lui, Cisco savait qu’il devait être patient et doux (mais quand est-ce qu’il ne l’était pas, au fond); certes, il avait toutefois peur que son apparence n’effraie Ethan plus que de raison. Alors que tout le monde s’installe à la table, Cisco, suivit de près par Lyrique, sa Chovsourir, va plutôt vers le salon où il s’assoit au sol (non sans quelque craquement inquiétant de ses rotules) à la table basse, faisant signe au garçon de le suivre, installant son chocolat chaud sur la table en face de là où il était assis. Il était clair pour tout le monde que les excès de joie des autres pouvaient être difficiles à gérer pour toi, alors il espérait simplement qu’ici tu serais plus calme et pourrait mieux profiter des gaufres du matin.

« Je ne savais pas si tu aimais la crème fouettée, alors pour cette fois-ci j’ai demandé sans » dit-il doucement, simplement; pas de question, juste un fait – et si tu voulais l’éclairer sur ton amour de la crème fouettée, et bien, cela t’appartenait!

« Oui, c’est ça, de la crème fouettée et de la Chantilly, c’est essentiellement la même chose. Enfin; comme un carré est un rectangle, mais qu’un rectangle n’est pas nécessairement un carré. » il sourit, ses lèvres s’étirant mollement sur une trop grande distance, révélant comme timidement quelques dents bien affilées, comme s’il était le grand méchant loup, au fond. Pourtant ses yeux tombants, tristes, semblent eux emplis de douceur et de bienveillance, si on s’y attarde. « Est-ce que tu aimes la Chantilly? » demande-t-il à nouveau, espérant avoir une meilleure réponse à sa question cette fois. « La prochaine fois, je prendrai un chocolat avec de la Chantilly pour toi, si tu aimes ça » insistait-il trop? Francisco ne savait pas – c’était le genre de chose qu’on ne pouvait pas savoir avait de tenter sa chance, après tout.

Mais il est patient; son regard glisser vers le bas, de tes yeux jusqu’à sa tasse de chocolat chaud, et le voilà qui souffle un peu sur la surface avant d’en prendre une gorgée, fermant les yeux pour profiter de la chaleur du breuvage. Cisco était comme ça, il avait toujours froid, alors les boissons chaudes étaient sa passion! Lyr, sa Chovsourir d’alerte médicale, joyeuse, volette maladroitement, manquant de faire tomber une lampe sur pied alors qu’elle vient s’écraser dans le canapé derrière Cisco pour s’y installer dans les coussins pour se faire un petit nid douillet, d’où elle pourra observer Cisco et s’assurer qu’il n’aura pas de malaise. Mais bon, comme il est déjà assis au sol, il ne risque pas grand-chose, n’est-ce pas?